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La toute-puissance du diplôme : le modèle alternatif du monde du numérique

27 décembre 2021 }4 minutes de lecture

Quelle est l’utilité des diplômes ? Cette question n’est pas nouvelle. La critique de la toute-puissance du diplôme et de la reproduction sociale dont il est le produit et le vecteur ne l’est pas non plus. Malgré ces débats, le diplôme continue d’être un signal rassurant pour les recruteurs et une assurance carrière pour les candidats. Mais c’est aussi un frein à la mobilité ou à la promotion pour ceux et celles qui souhaiteraient changer d’orientation et n’ont pas le diplôme adéquat pour occuper le poste convoité.

Dans un monde encore majoritairement guidé par le diplôme, le secteur de l’IT semble faire figure d’exception.

 

L’IT : le contre-exemple ?

Les développeurs informatiques semblent bien montrer la voie. Pendant longtemps, le code informatique n’était pas particulièrement valorisé dans les grandes écoles d’ingénieurs françaises. Là où il l’est par contre depuis longtemps outre-Atlantique, dans des universités comme Stanford ou le MIT. En fait, les grandes écoles françaises telles que Polytechnique ou Centrale sélectionnent leurs étudiants d’abord sur leur niveau en mathématiques plutôt que sur leur capacité à produire des lignes de code. D’ailleurs, pendant longtemps, être programmeur, n’était pas perçu comme un travail d’élite.

Puis la révolution numérique est passée par là. Les grandes entreprises numériques Californiennes ont engendré de nouveaux besoins et irrémédiablement transformé le marché de l’emploi. Une nouvelle élite « tech » s’est développée autour de nouveaux métiers. Des évolutions rapides et une vision « adéquationniste » (rapport d’adéquation entre la formation et l’emploi) de l’emploi qui n’a pu être totalement préservée. Parmi les métiers dits « techniques », on trouve une plus grande variété de profils. De nombreuses personnes se reconvertissent pour devenir développeurs. D’autres se forment sur le tas. D’autres encore deviennent freelances pour se former.

Il est vrai qu’un grand nombre de développeurs possède toujours un diplôme d’informatique, mais ils se revendiquent aisément « autodidactes », mettant ainsi en avant leur faculté à apprendre et chercher l’information par eux-mêmes. Chez les freelances IT et dans les startups, les développeurs sont souvent des reconvertis qui ont appris à coder / programmer tardivement. Les recruteurs dans les entreprises « traditionnelles » restent réticents, mais la pénurie de compétences dans ce domaine pousse à sortir des sentiers battus. La rapidité avec laquelle des modèles alternatifs de formation se sont imposés dans le paysage en est la preuve.

Pour terminer, ajoutons que dans le monde de l’IT, un système parallèle de construction de légitimité s’est rapidement imposé. Avoir la reconnaissance de ses pairs est ainsi primordial. Par exemple sur des plateformes telles que Stack Overflow ou Github. Cela a bien plus de poids qu’une ligne sur un CV. On juge un développeur plus facilement sur la qualité de son travail, son e-réputation ou la pertinence de son blog tech. Le diplôme semble ainsi davantage relégué au 2nd plan. Bien sûr, le diplôme joue toujours un rôle essentiel pour le réseau et le signal auprès des recruteurs d’entreprises traditionnelles.

AUTEUR.E

Jérôme Bucher
Directeur Associé

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