Accueil > Blog > Le portage salarial vu par les recruteurs : menace ou solution ?

Le portage salarial vu par les recruteurs : menace ou solution ?

6 mai 2025 }6 minutes de lecture

Alors que les modes de travail évoluent rapidement, le portage salarial s’impose comme une forme d’emploi hybride entre indépendance et salariat. Ce modèle, encore méconnu du grand public il y a quelques années, séduit aujourd’hui de plus en plus de professionnels. Mais qu’en pensent les recruteurs ? Est-il perçu comme une menace à l’égard des processus de recrutement traditionnels, ou bien comme une solution souple et pertinente pour faire face aux enjeux du marché de l’emploi ? À travers une analyse détaillée, nous verrons comment cette forme d’activité bouleverse certaines logiques de recrutement, tout en offrant des perspectives nouvelles aux entreprises.

Une remise en question du CDI comme norme

Le CDI a longtemps été considéré comme le graal des recruteurs. Il représente une stabilité, une certaine fidélité à l’entreprise, et cadre avec une logique de développement sur le long terme. Le portage salarial, à l’inverse, valorise la flexibilité, l’autonomie et la réalisation de missions à durée limitée. Cette différence de posture professionnelle peut d’emblée susciter des interrogations chez les recruteurs : un salarié porté sera-t-il aussi impliqué qu’un salarié en CDI ? Est-il fiable ? Va-t-il rester disponible au-delà de la mission ?

Ces craintes sont compréhensibles, mais souvent infondées. En effet, les profils qui optent pour le portage salarial sont généralement très expérimentés et autonomes. Ils savent s’adapter rapidement, sont orientés résultats, et apportent une valeur ajoutée immédiate. Pour le recruteur, il s’agit donc d’un changement de paradigme : il ne s’agit plus seulement d’acheter du temps de travail, mais bien une expertise ciblée, livrée dans un cadre légal sécurisé.

Une réponse adaptée à la pénurie de talents

Dans de nombreux secteurs, les recruteurs sont confrontés à une véritable guerre des talents. Les développeurs, experts en cybersécurité, consultants en transformation digitale ou encore spécialistes en data sont rares et très sollicités. Or, bon nombre d’entre eux choisissent aujourd’hui de ne plus s’engager dans des CDI classiques, préférant l’agilité du freelancing… notamment du portage salarial, qui leur offre les avantages du statut salarié sans les contraintes hiérarchiques ou administratives d’un poste traditionnel.

Pour les recruteurs, cette évolution peut être perçue comme une menace : certains profils échappent aux circuits classiques. Pourtant, le portage salarial peut aussi devenir un levier stratégique. En intégrant des salariés portés dans leur vivier de talents, les recruteurs peuvent rapidement répondre à un besoin ponctuel, démarrer une mission sans attendre un long processus d’embauche, et tester une collaboration avant éventuellement de proposer un poste plus pérenne.

Sécurité juridique et gain de temps pour l’entreprise

Contrairement à une idée reçue, recourir à un salarié porté n’est pas synonyme d’opacité ou de risques juridiques. Au contraire, le cadre du portage salarial est très encadré en France depuis l’ordonnance de 2015, et les sociétés de portage assument une grande partie des obligations légales : contrat de travail, fiche de paie, cotisations sociales, etc.

Pour le recruteur, c’est donc une solution clé en main. Il n’a pas besoin de créer un poste ni de gérer le volet administratif d’un freelance. Il traite directement avec le consultant pour la mission, tout en ayant l’assurance que celui-ci est couvert comme n’importe quel salarié. Ce gain de temps et de sécurité fait du portage une alternative de plus en plus pertinente pour les services RH et les cabinets de recrutement, notamment dans des contextes de surcharge temporaire, de projets courts ou de besoins très spécifiques.

Une approche encore méconnue, mais en pleine structuration

Malgré ses avantages, le portage salarial reste parfois mal compris dans les sphères RH. Certains recruteurs assimilent encore ce statut à une forme déguisée de sous-traitance ou de prestation externe, alors qu’il s’agit bien d’un contrat salarié, avec tous les droits afférents. D’autres ignorent encore comment le mettre en œuvre ou quel rôle exact joue la société de portage.

Cependant, cette situation évolue. De plus en plus d’entreprises intègrent le portage salarial dans leurs politiques de sourcing, en particulier dans les grandes métropoles et les secteurs très concurrentiels. Des plateformes spécialisées permettent même d’identifier facilement des profils portés disponibles, simplifiant encore davantage la mise en relation entre offre et demande.

Une opportunité à saisir pour les recruteurs

Plutôt que de le voir comme une menace, les recruteurs ont tout intérêt à considérer le portage salarial comme un levier de souplesse et d’innovation dans leur stratégie de gestion des talents. Dans un marché du travail de plus en plus mouvant, marqué par la quête de sens, la recherche d’équilibre et la multiplication des statuts hybrides, le portage salarial permet de répondre aux attentes des talents tout en sécurisant les entreprises.

Ce modèle invite à repenser le recrutement non plus comme une simple « embauche », mais comme une collaboration agile, dans laquelle l’expertise prime sur le lien de subordination. Une révolution douce, mais bien réelle, dans laquelle les recruteurs qui s’adaptent auront clairement une longueur d’avance.

AUTEUR.E

Jérôme Bucher
Directeur Associé

Les derniers articles

Comment intégrer un consultant en portage salarial dans une équipe ?

Comment intégrer un consultant en portage salarial dans une équipe ?

Un nouveau mode de collaboration à optimiser L’évolution du marché du travail et la montée du freelancing ont profondément transformé les méthodes de collaboration en entreprise. Aujourd’hui, il n’est plus rare qu’une équipe permanente soit complétée par des...