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Projet sportif & projet professionnel : L’histoire de Thomas 1/5

5 novembre 2020 }7 minutes de lecture

En 2017, Thomas effectuait son premier trail, le tour du Criou à Samoëns dans la Haute-Savoie, après s’être insouciamment laissé convaincre par son frère, quelques mois auparavant, des vertus de cette discipline. Il s’agissait d’un trail de 49 km pour 3300 mètres de dénivelé positif.

Le trail est une course en nature, effectuée sur des distances plus ou moins longues et favorisant l’émulation entre ses participants, qu’ils soient athlètes professionnels ou coureurs du dimanche.

Un an plus tard, en 2018, Thomas nous présentait son projet de réaliser, pour l’année de ses 40 ans, l’Ultra Trail du Mont Blanc (UTMB), une course mythique de 170 km pour 10 000 mètres de dénivelé positif. Pour ce néo quarantenaire, le projet imposait l’éligibilité à cette course sélective en moins d’un an. En lui apportant notre soutien par l’achat d’un dossard solidaire, son inscription était garantie, lui évitant ainsi un tirage au sort hasardeux.

Nous avons soutenu Thomas dans ce challenge, convaincus que certains des ressorts mobilisés dépassent largement le domaine du sport, et qu’ils trouvent échos dans ce qui peut motiver et accompagner chacun d’entre nous dans la réalisation de soi.

Nous vous proposons donc, à travers une courte succession d’articles de blog & sous la plume de Thomas, de venir retracer la mise en place et la réalisation de ce projet personnel, issu d’entrechocs chaotiques entre obsession impérieuse, panache prétentieux et humilité régressive.

Pour ce faire, Thomas a souhaité diviser ce beau défi en 5 grandes étapes, allant de la genèse du projet à sa célébration. Car ne faisons pas de mauvais teasing : il a victorieusement été au bout.

  • Étape 1 : La genèse du projet 
  • Étape 2 : La préparation 
  • Étape 3 : Le renforcement 
  • Étape 4 : La concentration
  • Étape 5 : La célébration 

 


 

Étape 1 – La genèse du projet

[Thomas]

Le mécanisme de la mise en mouvement m’a toujours interpellé. Le processus de création d’un mouvement ou d’une aspiration, ici l’intention de s’engager au départ de l’UTMB 2019, même à près de 40 ans, reste encore largement mystérieux.

Pour ce qui me concerne, j’admets volontiers que les explications arrivent souvent après, parfois comme une évidence, comme si le mouvement en lui-même comptait plus que l’origine de son impulsion.

A l’automne 2016, je discutais avec mon frère de sport, du temps qui passe et qui nous éloignait inexorablement de la pratique d’une passion d’enfance (le football), et comme un point Godwin sociologique des tourments d’aujourd’hui, nous finissions sur les mythes et réalités des fameuses crises de la quarantaine.

Forts d’une heureuse providence qui faisait que tout allait relativement bien pour nous dans les 3 grands piliers admis du parfait équilibre (Famille, Santé, Boulot), notre conclusion aboutissait à la recherche du défi, même relatif, qu’on devrait chercher pour se sentir toujours plus existant, se trouver encore une part d’inconnu et repousser ainsi la fausse illusion que ce qui est derrière nous serait plus conséquent que ce qui pourrait être devant.

Quelques mois plus tard, nous savourions entre frère et sœur le plaisir d’une première ligne d’arrivée franchie, sans savoir encore, pour ce qui me concernait, qu’il ne s’agissait que d’un début.

Photo prise à l’arrivée du Tour du Criou 2017 à Samoëns, en compagnie de mon frère, également finisher, et de ma soeur, accompagnatrice et soutien de la première heure

Thomas et sa famille UTMB

Car en effet, si l’idée et l’envie de se mettre au trail sont venues de cette émulation familiale, le besoin d’aller chercher un défi plus personnel n’était pas encore parfaitement formalisé ni conscientisé.

Pourtant, le mécanisme pour « l’entreprendre » était bien lancé. Au fil des jours qui ont suivi, j’y ai reconnu, d’abord de façon presque imperceptible, puis de façon tout à fait franche, certains des mêmes arguments ou motivations qui conduisent à la remise en cause, le besoin de changer, et plus classiquement à rechercher les fameux « nouveaux challenges professionnels ».

Le mécanisme pour « entreprendre » le défi était lancé.

En course à pied, le moment de réaccélérer, qui intervient après une petite difficulté ou un ralentissement dû à un virage par exemple, s’appelle une relance. Les relances, dans nos vies professionnelles, peuvent être fréquentes à condition de vouloir et surtout de pouvoir les identifier, voire les anticiper.

Les relances enchaînant des difficultés professionnelles peuvent s’imposer d’elle-même ; elles ont quelque chose d’anxiogène certes, mais elles paraissent inéluctables, sous peine de sombrer. Elles viennent chercher notre pouvoir de résilience, dont nous reparlerons dans ce cycle.

Les autres, les relances s’inscrivant derrière un temps de vie professionnel épanouissant, comme la fin d’une ligne droite galvanisante et d’un projet bien mené bien réussi, sont d’autant plus subtiles à effectuer que l’euphorie est présente, masquant cette fameuse relance qui arrive devant vous. En l’occurrence, celles que j’évoque ici appartiennent à cette seconde catégorie.

 

La genèse de cette histoire, que nous suivrons par étapes à travers un cycle régulier de parutions [une parution par mois, NDLR] s’inscrit dans cette logique ; celle d’avoir réussi à anticiper un besoin de relance pour mieux repousser, jusqu’à pouvoir complètement l’ignorer, le risque d’être à l’arrêt.

C’est ce même enjeu, j’en suis sûr, qui trottine en tâche de fond dans bon nombre de cerveaux, occupés dans l’instant présent à la réalisation de leur travail, mais dont une partie déjà se projette dans le coup d’après.

Je crois que c’est une force de savoir percevoir et accepter cet enjeu intime, pour non seulement l’empêcher de muter en poids anxiogène et paralysant,  mais au contraire en faire une force de mise en mouvement, génératrice d’enthousiasme et de confiance.

Lazarus Lake, l’organisateur d’une célèbre course d’ultra-trail, la Barkley, résume cette genèse de l’idée à l’action ainsi : « on peut tous faire de grands rêves, tout le monde devrait faire de grands rêves. Mais les rêves ne servent à rien, à moins de faire ce qu’il faut pour les accomplir ».

Pour le finisher de l’ultra-trail, comme le reconverti professionnel, la genèse serait donc quelque part dans cet équilibre :

S’autoriser à rêver pour initier le mouvement ET agir pour le faire durer.

 


Suivre toutes les étapes du défi de Thomas :

  • Étape 1 : La genèse du projet 
  • Étape 2 : La préparation 
  • Étape 3 : Le renforcement
  • Étape 4 : La concentration
  • Étape 5 : La célébration

AUTEUR.E

Jérôme Bucher
Directeur Associé

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