Le 1er septembre 2019, je devenais finisher de l’UTMB, après m’être lancé sur ce défi quelques mois plus tôt. Après quelques péripéties, j’étais parvenu à rendre ce projet réalisable.
18 mois après, qu’en reste-t-il ? Avec le recul, est-il possible d’y voir un accomplissement ? Est-il possible, objectivement, de regarder dans le rétro et d’affirmer que la réussite d’un projet, notamment professionnel, amène bien l’effet recherché ? Il s’agit en effet plus ici d’une capacité à ressentir les effets du projet réalisé, qu’à en mesurer l’état d’achèvement. L’enjeu est davantage de rendre possible un effet de réminiscence, plutôt que de figer une réussite, aussi belle soit-elle, en un trophée qu’on exposerait en permanence dans sa galerie mentale.
- Étape 1 : La genèse du projet
- Étape 2 : La préparation
- Étape 3 : Le renforcement
- Étape 4 : La concentration
- Étape 5 : La célébration
Étape 5 – La célébration
[Thomas]
Pour aller chercher cet enjeu, il faut soigner la fin du projet. Cela nécessite de se rendre compte que cette fin de projet n’est jamais tout de suite après la dernière étape ou la dernière tâche qu’il fallait accomplir. Il y a la ligne d’arrivée, qui est l’objectif, puis derrière la ligne d’arrivée, il y a la célébration, la dernière étape du projet, celle qui le conclut et en crée la marque définitive.
J’ai la conviction que cette étape de célébration est aussi importante que celle de la préparation ou de la concentration. Elle s’apparente pour moi à la dernière dose d’un vaccin, ou d’une forme de nouvelle immunité contre le manque de confiance de soi ou le doute. Une célébration réussie doit figer le constat d’une capacité d’achèvement. Elle donne accès à une force et une puissance supplémentaire, de sorte que, au projet suivant, elle permet de convoquer plus facilement qu’avant la motivation nécessaire. Savoir célébrer les succès accroît la capacité de mise en mouvement pour continuer son propre développement.
Que ce soit dans un contexte professionnel comme personnel, la célébration d’une réussite participe à donner du sens à l’action, au temps qui a été investi ou aux efforts qui y ont été consentis. A l’heure où la question du sens est posée, étudiée, guettée à chaque instant, dans chaque déclaration et chaque stratégie de dirigeantes et dirigeants, le risque est pourtant réel de s’oublier, et donc d’oublier le sens que l’on veut donner à nos actions et à nos décisions. D’oublier le sens que l’on veut donner à nos choix. Savoir célébrer, c’est poser une nouvelle pierre sur un cairn, et marquer un endroit précis, sur lequel passe un chemin plus ou moins visible selon la saison, mais sur lequel il est évident que nous avançons. A chaque célébration son cairn, et à chaque cairn, la satisfaction de savoir où l’on se dirige. C’est clairement le premier enjeu de la célébration.
Le second n’est pas moins important. Prendre l’habitude de célébrer ses réussites, c’est aussi apprivoiser l’un des leviers utiles au bonheur. Le chercheur anglais Paul Gilbert identifie en effet un modèle de cerveau qui agit de 3 façons :
- Le cerveau du singe, lié au contentement
- Le cerveau de la souris, lié aux plaisirs immédiats
- Le cerveau du reptile lié aux menaces et aux risques
Seul le modèle du cerveau du singe n’agit pas de façon automatique et spontanée. Plus exigeant, il nécessite d’aller chercher le plaisir dans une passion, un travail, une relation avec l’autre. Il cherche ainsi à procurer une sensation de plaisir plus fréquente et plus soutenue. Il amène à installer une sensation de bonheur sur du long terme. Ce modèle de cerveau est plus propice à percevoir la valeur de l’effort et de l’investissement. En venant récompenser une période de forte implication dans un projet, une célébration adéquate vient inscrire la sensation de bonheur dans la durée, et complète les injections de dopamine qu’un bravo à la ligne d’arrivée vous procure. Érigée en bonne habitude ou en un rituel vertueux, la célébration entraîne ainsi le subconscient à anticiper la récompense et ainsi, une nouvelle fois, à accepter l’effort en lui donnant du sens.
Enfin, si la réussite d’un projet peut descendre de la stricte implication personnelle de celui qui le réalise, les conditions pour créer un contexte favorable d’exécution viennent souvent trouver leurs racines dans un contexte familial propice, dans un cercle d’amis supporteurs, ou encore d’autres relations encourageant vers le succès. Ces racines peuvent aussi aller jusqu’à une providence favorable, des hasards heureux. Le 3ème enjeu de la célébration est ainsi celui de la gratitude. C’est celui de la célébration collective, avec les siens et celui qui fait appel au « savoir apprécier ». Il distribue à chacun sa part de mérite et de mercis, et forge encore davantage le collectif, plus ou moins important selon le nombre de ceux qui ont entouré le protagoniste du projet.
La célébration donne ainsi de l’importance à 3 enjeux pour se construire, qui pourraient être les 3 motifs de réelle satisfaction de tout projet : voir le chemin parcouru, associer bonheur et effort, reconnaître le rôle de ceux et ce qui nous entourent.
Suivre toutes les étapes du défi de Thomas :
- Étape 1 : La genèse du projet
- Étape 2 : La préparation
- Étape 3 : Le renforcement
- Étape 4 : La concentration
- Étape 5 : La célébration